Le président burundais est décédé lundi soir d’une crise cardiaque à l’âge de 56 ans, selon le gouvernement du pays. L’ancien chef rebelle est né en 1964 à Ngozi, dans le nord du pays. Orphelin à l’âge de 8 ans. Son père hutu, député au parlement a été assassiné lors des violences interethniques en 1972. Sa mère tutsi survivra au massacre et vit toujours à Ngozi. Chef rebelle Après l’assassinat du premier président démocratiquement élu au Burundi, Melchior Ndadaye en 1993 et le meurtre de son successeur Cyprien Ntaryamira, tué en même temps que Juvénal Habyarimama du Rwanda, le Burundi replonge dans la guerre civile. Le ministre de l’intérieur Léonard Nyangoma s’exile dans l’ex-Zaire, d’où il lance la rébellion du Conseil National pour le développement et la démocratie (CNDD). Pierre Nkurunziza le rejoint en 1995 pour combattre le pouvoir de Bujumbura dominé, à l’époque par la minorité tutsi selon les rebelles. Succession d’événements tragiques Le président burundais a failli lui-même perdre la vie en novembre 1995. Pierre et son épouse Denise Grièvement blessé à la jambe, il a survécu miraculeusement après quatre mois dans les marécages. La même année, il perd son frère, tué dans des violences interethniques à l’université. Au moins 17 étudiants ont été tués. Il rejoint la rébellion Hutu après cet évènement tragique et gravi rapidement les échelons et en devient le chef en 2001. Le gouvernement de transition issu des accords d’Arusha et dirigé par Domitien Ndayizeye va négocier la paix avec la rébellion du CNDD-FDD, et Nkurunziza, fait une entrée triomphale dans Ruyigi (est) à pied, entouré de ses soldats en 2004. Présidence controversée Pierre Nkurunziza En août 2005, M. Nkurunziza est élu par un parlement issu de l’accord d’Arusha qui consacre le partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi. Son premier mandat coïncide avec le retour de la paix au Burundi. En 2009, le dernier mouvement rebelle encore actif, le Front National de Libération (FNL) dépose les armes et participe aux institutions. Une armée nationale est formée avec l’intégration des anciennes forces rebelles. En juin 2010, il est élu au premier suffrage universel depuis 1993 mais le scrutin est boycotté par l’opposition en raison de fraudes aux élections locales précédentes. En avril 2015, le CNDD -FDD présente sa candidature dénoncée par l’opposition qui estime qu’il brique un troisième mandat alors que lui argue qu’il n’a été élu qu’une seule fois au
suffrage universel. En mai 2015, un coup d’état organisé par des officiers qui surfait sur un mouvement de contestation dans certains quartiers de Bujumbura échoue. Nkurunziza qui se trouve en Tanzanie au moment du putsch revient dans le pays.
La crise de 2015 a contraint plusieurs milliers de burundais à fuir leur pays. Pierre Nkurunziza a fait face à des dissensions internes au sein de son parti. Ceux qui s opposaient à son troisième mandat ont été contraint à l exil. Toutefois, il y a eu plusieurs tentatives de négociations entre le pouvoir en place et l opposition vivant majoritairement en exil. Marié et père de 6 enfants, Pierre Nkurunziza a deux passions : le sport et la religion qu’il partage avec son épouse, pasteure évangéliste. La crise constitutionnelle de 2015 a plongé le pays dans un climat de violences politiques. L’année dernière, une commission des Nations unies a accusé le gouvernement de violations des droits de l’homme, notamment d’exécutions, d’arrestations arbitraires, de torture et de violences sexuelles. Des accusations rejetées par le Burundi.
“Guide suprême éternel”
Pierre Nkurunziza était passionné de football Une nouvelle constitution adoptée en 2018, après un référendum, l’avait autorisé à rester au pouvoir jusqu’en 2034. Mais M. Nkurunziza a annoncé en 2018 qu’il ne se représenterait pas. En mars 2018, le CNDD-FDD au pouvoir l’avait déja nommé “guide suprême éternel” du pays. Il n’était pas candidat à sa propre succession aux élections du 20 mai dernier. Il devait céder le pouvoir au général à la retraite Evariste Ndayishimiye en août et quitter la présidence la République cette année, pour devenir le “guide suprême du patriotisme” du Burundi. Un titre plus qu’honorifique puisque M. Nkurunziza devait bénéficier pour sa retraite de 530.000 dollars, d’un salaire à vie et de la construction d’une villa, en plus du titre de “chef suprême”, en vertu d’une loi adoptée par le parlement fin janvier. Il n’a finalement pas pu profiter de son repos doré. M Nkurunziza meurt au moment où son épouse, Denise, est soignée dans un hôpital de Nairobi, au Kenya, pour une maladie non dévoilée depuis le 28 mai, selon un responsable du bureau présidentiel qui a parlé à nos confrère de BBC Grand Lacs. On ne sait pas encore si M. Nkurunziza était positif au coronavirus.
Pierre Nkurunziza est décédé d’un arrêt cardiaque Nkurunziza “ne sera pas candidat” en 2020 Nkurunziza élevé au rang de “visionnaire”
Aicha Mengola Mputu